Dans un monde où la foi ne se fait plus comme avant, ou nous sommes tentés de croire que le ciel nous tombe sur la tête, notre mission et l’appel de Dieu sont de vivre selon le style de vie de Jésus. Notre mission doit devenir un style. Voilà le but de ce blogue. Bienvenue!
J’adore jouer avec la tradition en respectant le passé, mais en lui donnant une touche personnelle pour créer quelque chose d’amusant et de nouveau. Lors de mon mariage, mes hommes d’honneur et moi avons porté des kilts, avec le tartan de ma famille, mais nous sommes également entrés dans l’église sur la musique du thème des Riders of Rohan. Je trouve aussi que jouer de manière créative avec la tradition est une façon utile de réfléchir à la théologie contextuelle. Nous pouvons envisager l’interaction, le dialogue, la danse de vivre au sein de la société moderne et du christianisme comme une vie créative, voire artistique.
Imaginons si nous pourrions changer notre vision de ce que c’est, la mission, pour passer d’une idée de mission centrée sur les événements, ou des activités et gestes précis, en temps et lieux précis, à la mission comme contexte global de toute notre vie et de notre mode de vie.
Craig van Gelder a démontré comment l’idée qu’une vision de l’Église comme organisation sociale qui doit accomplir quelque chose est une invention uniquement américaine, une transformation innouie dans l’histoire de l’ecclésiologie chrétienne. Il veut plutôt que nous retournions à une conception de la vocation de l’Église en matière de participation à ce que Dieu fait dans le monde.
Je trouve que le terme événementiel est particulièrement bien adapté pour décrire ce qui est devenu une façon dominante de penser aux missions – un paradigme de moins en moins utile pour l’Église. L’événementiel a une double signification révélatrice : d’une part, en tant qu’adjectif, il signifie “relatif aux événements”, dans un sens très large. Mais il a aussi été adopté comme nom pour le domaine professionnel d’organisation d’événements - ceux qui travaillent dans l’événementiel font le travail logistique de planification et d’exécution d’événements, de concerts, de conférences, de festivals, etc. Comme tout domaine professionnel, l’événementiel s’accompagne d’un ensemble de valeurs intégrées : excellence de l’exécution, peaufinage, commercialisation, croissance, rentabilité. Ces éléments décrivent très bien l’industrie de divertissement consumériste, mais ne ressemblent pas vraiment à la manière dont Jésus a vécu sa mission. Au lieu de mener la bataille perdante - et épuisante - de la concurrence avec Disney, Netflix et Youtube sur leur propre terrain, peut-être pourrions-nous commencer à penser différemment la mission chrétienne. Peut-être pouvons-nous laisser de côté à la fois la perfection logistique de la planification d’événements et la relégation de la mission à des moments ou activités spéciales.
J’ai participé la semaine dernière au temps d’orientation pour un voyage missionnaire, appelé PRAXIS, dont le devise est le suivant: « PRAXIS est une occasion de se pratiquer à être une personne à part entière qui vit une vie intégrée. » Et si nous pouvions l’adopter comme définition de la mission?
La société occidentale vit une transition d’un paradigme doctrinal-institutionnel de la foi et de la religion à une compréhension expérientiel-stylistique. Que deviendrait le christianisme, et la mission chrétienne, si nous les considérions comme un style de vie?
La société dans laquelle nous vivons affecte notre manière de concevoir la foi chrétienne, comme si la culture servait de lentille, ou de fenêtre qui encadre notre vue sur le paysage derrière. Les modèles que nous apprenons de notre contexte social nous donnent les ressources pour comprendre le monde, mais ils colorent aussi notre compréhension du monde, et ils peuvent nous empêcher de comprendre la plénitude de notre réalité.
Pour certains de mes amis protestants, le fait que j’aie une photo du Pape en tete de cet article pourra causer scandale. En tant qu’évangélique, j’ai bien sûr mes hésitations et mes critiques au sujet du pape François et au sujet de l’église Catholique Romaine; mais j’ai beaucoup appris, et j’ai souvent été inspiré, par des exemples de foi de l’autre rive du Tibre. La vision holistique de la vie et de la mission décrite dans le texte La joie de l’évangile que François a publié pendant sa première année comme pape en est un exemple, qui s’aligne étroitement avec les idées de la mission comme style de vie, qui se trouve au centre de mon projet théologique. Je parlerai ultérieurement de ma théorie d’une transition de paradigmes sociétale, doctrinal, et institutionnel de la foi vers un paradigme stylitique – mais suffit de dire que certains de ces thèmes se voient très clairement dans ce texte de François. J’en offre ici un court résumé des grandes idées de ce texte, d’après une lecture de Enzo Biemmi, théologien catholique et professeur à Vérone.