Nous n'avons jamais vu une vrai communauté

Post précédant : Les Québécois ne cherchent pas la communauté

La semaine dernière j’ai parlé du fait que notre société ne semble pas être intéressé par une communauté, même si la communauté est un besoin essentiel à notre nature. Alors pourquoi? Je vous propose que c’est parce qu’au Québec, nous n’avons que rarement (ou même jamais) vu une vrai communauté.

Matthieu Bélisle, dans son livre « Bienvenue au pays de la vie ordinaire » a écrit ceci au sujet des Québécois :

« Il demeure persuadé que ses liens avec les autres relèvent d’une libre association à laquelle il serait possible de mettre fin : je suis de tel pays parce que je l’ai voulu, mais je pourrais très bien m’établir ailleurs ; je vis avec tel homme ou telle femme, mais je pourrais très bien me séparer de lui ou d’elle et partager ma vie avec quelqu’un d’autre ; j’occupe tel emploi, mais rien ne m’empêcherait de poursuivre une autre carrière ; j’ai tels amis, mais je pourrais très bien rompre avec eux et nouer d’autres liens, etc. D’où le paradoxe de sa condition d’individu socialement intégré mais toujours prêt à faire défection. La communauté dans laquelle vivent les cyniques est une communauté par défaut, d’ailleurs marquée par une méconnaissance grandissante des rapports humains. » – Matthieu Bélisle

À part son observation d’une « méconnaissance grandissante des rapports humains », ce qui est presque l’équivalant à ma thèse, Bélisle touche aussi à la source de ce phénomène : la communauté par défaut. Autrement dit, on est là un peu par hasard, mais on pourrair s’en aller à n’importe quel moment.

Voyez vous la différence entre ça et l’amour et la communauté que Jésus vivat avec ses disciples? Il ne leur a pas dit, « Vous pouvez rester avec moi jusqu’à temps que ça ne me tente plus. » Il était engagé envers eux, jusqu’au point de dire, « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » (Matthieu 28:20)

Mais de nos jours, un tel engagement va à l’encontre tout notre sens de liberté et d’autonomie, jusqu’au point où la jeune génération ne comprend pas même l’idée de l’engagement. Ils grandissent avec des parents qui se disent « je vis avec tel homme ou telle femme, mais je pourrais très bien me séparer de lui ou d’elle et partager ma vie avec quelqu’un d’autre », et plusieurs le font. Selon le recensement canadien de 2011, au Québec, 43% des adolescents âgés de 15 à 17 ans habitent dans des familles soit mono-parentales, soit reconstituées. (Je n’ai pas pu trouver de données plus récentes, mais je serais bien surpris si ce chiffre n’a pas monté depuis).

Dans le passé la famille était un des deux plus grands pôles de communauté dans la société Québécoise. L’autre était la paroisse locale.

Nous n’avons qu’à visiter la campagne Québécoise pour voir à quel point l’église était central (en sens littéral et figuratif). Nous savons que nous nous rapprochons à un village lorsqu’on voit briller le toit argenté de l’église au centre ville. C’était le point de rencontre de tous, l’endroit autour duquel la vie tournait. Tellement la vie religieuse était important ici que le Québec comptait parmi les peuples les plus forts au monde en envoi d’ouvriers religieux.

De ces deux grands pôles, la paroisse a été entièrement enlevé, et la famille a été profondément discrédité. Si tout ce que cette génération connaît de la famille (et donc, de la communauté) est temporaire, jetable, instable, et en changement constante, il n’est pas du tout difficile à comprendre pourquoi les gens s’intéressent peu à des relations et à une communauté. Nous ne savons tout simplement pas qu’autre chose est possible.

Alors voilà le défi pour l’église : vivre, et montrer, une communauté que les gens autour de nous n’ont jamais vu – et que plusieurs d’entre nous n’avons jamais vu non plus. Mais nous avons l’Esprit de Dieu pour nous unir, et l’assurance que ça va changer des choses. En Jean 17 Jésus a prié :

Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée afin qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaitement un et qu’ainsi le monde reconnaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. (Jean 17:22-23)

Si vous voulez plus entendre à ce sujet, j’ai beaucoup élaboré dessus dans une prédication que vous pouvez écouter ou télécharger ici : Une communauté d’amour.

Post suivant : Comme je vous ai aimés...

Pages similaires

Comments

comments powered by Disqus