La vie n'est pas une compétition
Post précédant : La communauté se trouve dans les petites choses... Photo par Braden Collum sur Unsplash
« La vérité primaire à être humains, c’est que nous avons besoin les uns des autres, et non pas que nous nuisons les uns aux autres » – Justin Whitmel Earley 1
Nous nous définissons souvent par les histoires que nous nous racontons, et en tant qu’individus et en tant que société. Grand nombre des histoires que nous racontons et que nous entendons de nos jours sont des récits de compétition, et cette même tendance est présente dans presque touts les domaines de la vie.
Nous comprenons le monde en matière du darwinisme et la survie du plus apte, et de la concurrence économique des compagnies. Nous organisons notre monde par des courses politiques et les procès judiciaires (avez-vous écouté le débat des chefs hier soir?). Notre monde de divertissement consiste en séries éliminatoires, en comédies romantiques qui nous enseignent qu’il faut battre quelqu’un pour gagner la main de la belle fille, en histoire de guerre, ou en toute autre sorte de compétition.
Et cet esprit de compétition imprègne notre vie personnelle aussi : la pression de monter les échelons au travail, de plus gagner, d’avoir la maison la plus grande ou la voiture la plus performante, ou passer les vacances les plus intéressantes afin d’en partager les photos sur InstaFace, ou d’avoir le corps le plus en forme, ou l’enfant le plus accompli à l’école… Nous sommes toujours en compétition. Il y a toujours quelqu’un à battre. Notre voisin ne s’agit souvent que d’un obstacle à surmonter.
Nous avons vu plus tôt cette année qu’une des distinctions entre une communauté traditionnelle et une société moderne selon le sociologue Ferdinand Tonnies est, qu’au lieu de contribuer au bien-être de la communauté, selon la position et le rôle de chaque personne, nous poursuivons notre propre avantage et succès personnel. Nous voyons notre voisin comme un concurrent.2 Sans trop tarder sur le côté sociologique, l’idée à retenir ici est que cet esprit de compétition est un artefact culturel, et non quelque chose d’absolu. Un des moyens les plus puissants que nous avons pour afficher le Royaume de Dieu est de nous débarrasser de notre habitude de traiter notre voisin de concurrent. Jésus dit que c’est notre amour qui va convaincre le monde, et l’amour « ne cherche pas son intérêt » (1 Cor 13.5).
J’ai un peu le goût de paraphraser Matthieu 19.30, qui dit « Bien des premiers seront les derniers et bien des derniers seront les premiers. » ainsi : « Bien des gagnants seront des perdants, et bien des perdants seront des gagnants. »
Par contre, la compétition mal placée n’est pas quelque chose de nouveau. En voyant des poursuites judiciaires entre des membres de l’église à Corinthe, l’apôtre Paul a écrit ceci : « Vos différends constituent déjà une défaite. Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt l’injustice? Pourquoi ne consentez-vous pas plutôt à vous laisser dépouiller? » (1 Cor 6.7) Le simple fait de se lancer dans une compétition légale contre notre frère signifie que nous avons déjà perdu quelque chose de plus grand : l’amour fraternel et la solidarité du Royaume de Dieu. 3
1: Justin Whitmel Earley, *The Common Rule*, IVP, 2019, p. 28. 2: Voir [Communauté ou société](/posts/communauté-ou-société/) 3Ceci ne se limite pas aux relations entre chrétiens, non plus. Paul écrit ailleurs, « Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas. » (Rom 12.14) Mais à la place, on s’est créé une société où nous sommes constamment suspicieux de notre voisin. Nous ne sommes pas faits pour vivre de cette manière.